Bilan 2021-2022 des Domaines Skiables de France

Cette saison nous l’attendions avec impatience ! Il était important de relancer l’activité après une période si douloureuse. La fréquentation de la saison 2021/2022 est en nette hausse par rapport à la période d’avant crise : +4% au niveau national, +20% en Isère !

Des résultats excellents malgré les freins au déplacement de certaines clientèles étrangères : fermeture de la frontière britannique pendant 4 semaines en début de saison, règles de vaccination différente en France par rapport aux pays émetteurs de clientèle... La clientèle française et étrangère a répondu présent en dépit des contraintes sanitaires qui ont évolué tout.

Pour le ski, plusieurs facteurs se sont admirablement conjugués : ensoleillement excellent, neige présente tôt et partout et des vacances de février très bien reparties en termes de fréquentation. L’appétence pour le ski n’a pas diminué, bien au contraire, malgré la saison 2020/2021 où nous en avions été privés. C’est même une des principales leçons de ces deux années de crise :

*En cas de remontées mécaniques fermées, 2 clients sur 3 se détournent des stations.

*En cas de remontées mécaniques ouvertes, la clientèle afflue de nouveau.

L’ouverture des remontées mécaniques est bien un générateur de flux touristique majeur pour les territoires de montagne, et les activités dites de diversification telles que raquettes, tyrolienne, luge... n’ont pas du tout le potentiel du ski alpin pour susciter le voyage.

Finalement, la principale difficulté à laquelle nous ayons été confrontés cette saison aura été la gestion des plannings avec un absentéisme fort pendant la vague covid de l’hiver. Sur le plan des ressources humaines, le recrutement de nos collaborateurs saisonniers a été un défi cette année et nous pouvons nous féliciter d’avoir fidélisé une grande partie d’entre eux. Le turn-over des saisonniers dans notre branche, historiquement très bas (20%) est resté maîtrisé (+10 points) par rapport à ce que d’autres branches connaissent. C’est le résultat d’un travail important, d’abord d’embauche pendant la saison noire 2020/2021, puis sur les salaires (signature d’un accord salariale de branche en automne 2021, à l’unanimité des partenaires sociaux de la branche : FO, CGT et DSF). Faire naître des vocations pour nos métiers continuera d’être une priorité dans le futur avec notre participation au pôle montagne du festival de l’emploi du 13 au 15 avril à Grenoble et la création d’un bac professionnel spécifique aux remontées mécaniques et domaines skiables (un CAP existe déjà).

Tout cela ne doit pas masquer les grands enjeux qui nous attendent pour la prochaine saison, avec une très forte augmentation du prix des matières premières impactant les nouveaux investissements (voire les remettre en cause) et la maintenance. Il faudra aussi compter avec l’augmentation extraordinaire de l’électricité et du carburant. L’énergie représente 5% de nos budgets, si bien que le défi pour l’hiver prochain est immense.

A plus long terme, nous avons aussi la volonté d’accélérer le déploiement de nos éco-engagements, avec la suppression totale des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2037 et de nombreux engagements sur l’eau, la biodiversité, les déchets, l’agriculture… C’est bien le moins pour une activité dont la matière première, la neige, est directement menacée par le changement climatique. Nous luttons âprement pour limiter la hausse des températures à un niveau compatible avec l’exploitation durable des domaines skiables, y compris en moyenne montagne. Les projections de Météo France, réalisées sur la base des scénarios du GIEC pour le compte de Isère Attractivité montrent que l’on skiera toujours en Isère en moyenne montagne, en 2050 ! L’enjeu se situe à l’horizon 2080/2100 et c’est un enjeu fondamental pour l’emploi des territoires, la biodiversité et nos modes de vie.

Frédéric GEROMIN
Directeur Général Régie Remontées mécaniques Chamrousse
Président de la section Isère Drôme des Domains Skiables de France