Des enjeux au financement de la relance

  • Publié le : 25/08/2020
  • Source : Arnauld ANDRE
  • Crédits photos : Arnauld ANDRE

Les risques (technologiques, naturels, biologiques, financiers...) font partie de notre monde mais c’est notre réaction qui leur donne une dimension particulière. La pandémie Covid-19 répond à cette observation et l’année 2020 a d’ores et déjà marqué les esprits comme celle d’une transition. La crise sanitaire n’a pas créé de besoin fondamentalement nouveau mais a accentué dans nos esprits l’urgence de répondre à au moins six défis qui se posaient déjà avant aux entreprises et à la société :

*Concernant l’organisation du travail, qu’il s’agisse du télétravail ou de la récente obligation de port du masque , nos modes d’organisation au travail réclament des évolutions encore plus rapides.

*S’agissant de l’adaptation des business-model, nombre d’entreprises ont dû ajuster leur mode de relation avec leurs clients, salariés, fournisseurs et administrations pour juguler les risques sanitaires ou de perte d’affaires. Ces adaptations devront se poursuivre et trouver leurs équilibres économiques.

*Sur le plan sociétal, la demande d’une certaine justice sociale était déjà prégnante, particulièrement depuis le mouvement des gilets jaunes. Elle s’est accrue et avec elle les difficultés posées par la diversité des attentes ainsi que la remise en question des outils habituels de décision en démocratie.

*Sur l’environnement, notre société a découvert qu’elle pouvait réellement vivre en sollicitant autrement son milieu. Les réflexions engagées suite à ce constat ne manqueront pas de s’inviter aux débats à venir.

*Des ajustements aux systèmes de soins des pays qui ont (re) découvert que pour avoir une économie saine, il faut assurer la bonne santé des citoyens.

*Enfin, les nouveaux rapports internationaux s’imposent aux entreprises qui importent ou qui exportent. Les mouvements d’humeur entre états qui se sont accentués au cours des derniers mois auront des conséquences que l’on ne sait pas encore pleinement mesurer. Ils seront amplifiés par le fait que nous avons repris conscience de la nécessité de préserver une certaine autonomie nationale sur des produits indispensables à la vie.

A ces six défis s’ajoutent des enjeux induits par la crise économique induite : limiter les défaillances d’entreprises et la montée du chômage pour maintenir vivaces nos forces de production.

C’est dans ce contexte que les banques, qui sont confrontées aux mêmes enjeux, vont continuer de jouer leur rôle en soutenant les agents économiques. Elles peuvent compter sur l’accompagnement de la BCE qui a pris les mesures propres à assurer la disponibilité de l’argent à des taux compatibles avec une reprise économique. Ainsi en France, la production mensuelle de nouveaux crédits (PGE compris) atteignait de nouveau des niveaux inédits en mai : 62Md€ (contre 60Md€ en avril et 39 Md€ en mars). Cela représente 83M€ mobilisés chaque heure vers les entreprises. Le stock d’encours de crédits aux entreprises s’élevait à 1 156Md€ (contre 1 127 Md€ à fin avril), avec un taux de croissance annuel de 11,5% en mai (+ 9,3% en avril et + 7,6% en mars). La France connait toujours une croissance des crédits plus dynamique que la zone euro (+6,7%), avec des taux plus favorables pour les emprunteurs (taux moyen de 0,42% contre 1,42% appliqués aux PME).

Au total et à ce jour la situation est rassurante sur le plan financier car face à des défis hétérogènes et inédits, le carburant financier a montré une disponibilité à la mesure du caractère exceptionnel de la situation.

Arnauld ANDRE
Président de la Fédération Bancaire Française Isère
Membre du Conseil d'Administration du MEDEF Isère