Entrepreneur… un métier facile !

Il est loin en France le temps où l’on demandait seulement aux entrepreneurs de faire du profit, créer de l’emploi et distribuer des dividendes. Cette équation complexe à résoudre sur des marchés mondialisés et en mutation constante ne peut plus résumer seule la vie de nos entreprises. On attend toujours bien sûr que l’entreprise apporte cette valeur, mais le tournant des années 2020 a fait entrer les entreprises dans une nouvelle ère. L’explosion du télétravail, la prise de conscience écologique, la mutation de la géopolitique mondiale, le développement de l’Intelligence Artificielle Générative sont les marqueurs de ces changements et autant de défis à relever. 
 
Dans ce monde, l’entreprise sera de plus en plus intégrée à la vie personnelle des employés et inversement. On envoi des mails depuis son salon comme on suit la livraison de sa commande à domicile depuis son poste de travail. Il est donc naturel que la raison d’être des entreprises déborde du champ des profits pour investir celui des aspirations personnelles de ses employés. On attend maintenant des entreprises qu’elles clarifient leurs raisons d’être, exercent une activité qui a du sens et en apporte à leurs collaborateurs. Elles doivent dans leurs contrats trouver une part pour tous leurs employés - quel que soit leur âge - et intègrent aussi une part pour la « troisième partie prenante », notre planète, aux ressources limitées.

Nos entreprises se trouvent au cœur des solidarités et des échanges de notre monde. Ce sont elles qui peuvent offrir à leurs salariés un lieu d’échange apaisé, aux migrants la place contributive à laquelle ils aspirent et à tous un formidable outil de changement et de progrès. Ce sont elles qui doivent dans la transformation digitale se réinventer pour adresser de nouveaux besoins durables et créer les emplois de demain…
 
En ce printemps, un défi particulier pointe pour nos entreprises : celui de l’eau. L’an dernier, Miribel-les-Échelles, en Isère, a été un des premiers villages de France privé d’eau à la suite de l’assèchement de sa source. L'industrie représente 6% de la consommation d’eau en France. Il faut 32 litres pour produire une puce d’ordinateur, 400 litres pour un kilo de sucre, 40 000 litres pour une voiture… Le manque d’eau peut impacter les entreprises directement en limitant la production, indirectement en impactant les marges suite à l’augmentation inéluctable du prix de l’eau. Elles risquent aussi d’être perçues comme étant responsables d’une consommation excessive d'eau dans un contexte de rareté. Les industries fortement dépendantes de l'eau, comme l’alimentaire, la chimie ou le papier, seront particulièrement touchées. 

Le défi de l’eau est une illustration du besoin d’intégration accrue des entreprises dans notre société. Les entreprises doivent agir sur trois fronts : 
• Leurs outils de production pour optimiser leur consommation
• Le dialogue avec les autorités locales pour élaborer des stratégies durables de gestion de l’eau au sein des territoires
• La pédagogie, et la transparence pour sensibiliser tous les acteurs de leurs chaines de valeur des fournisseurs aux clients.
 
Gageons que les entrepreneurs du MEDEF Isère déjà engagés au quotidien comme acteurs économiques pour un développement durable et humain sauront relever ce défi passionnant.
 
Xavier d’ESQUERRE
Directeur des établissements SCHNEIDER Electric
Membre du Comité Exécutif du MEDEF Isère