Peut-on encore réformer en France ?

  • Publié le : 13/02/2020
  • Source : MEDEF ISERE
  • Crédits photos : MEDEF ISERE

C’est la question que l’on peut légitiment se poser à la lumière des mouvements sociaux qui ont entravé le pays depuis début décembre, avec un objectif jusqu’au boutiste d’une minorité, celui d’empêcher toute réforme des retraites, et à la clé de douloureuses conséquences économiques (on peut citer notamment un coût à date pour la SNCF de plus de 1 milliard d’€, ou des reculs des commerces parisiens de 25 à 30%, et de quasi 10% en province, après des chiffres déjà en recul l’an dernier du fait des gilets jaunes).

De mon point de vue, la réponse est bien sûr oui, mais à trois conditions, les mêmes qui permettent en entreprise de faire, quand cela est nécessaire, passer des mesures difficiles, de demander des efforts aujourd’hui pour que demain soit meilleur.

Tout d’abord avoir la légitimité des actionnaires, des urnes dans le cas qui nous occupe. A savoir que les réformes principales soient inscrites dans le projet présidentiel, sur le simple principe de dire ce que l’on va faire et de faire ce que l’on a dit. La réforme des retraites était inscrite dans le programme du candidat E. Macron. Une majorité l’a élu, il est légitime, démocratique, que la réforme soit maintenant mise en œuvre.

Mais aussi, deuxième condition, faire preuve de beaucoup de pédagogie pour expliquer les enjeux. Sur le sujet des retraites expliquer l’impasse du système actuel (l’évolution de la démographie... 42 régimes... un déficit annuel à un horizon de 10 ans d’environ 10 milliards). Le gouvernement a tardé à s’exprimer, ou pour le moins a eu de la difficulté à être audible. Le Premier Ministre s’est retrouvé bien seul, certes pas aidé par les médias, préférant trop souvent le sensationnel des manifestations aux débats mesurés entre contradicteurs. 


Enfin garder un cap, tout en écoutant, négociant mais sans reculer, renoncer, sur l’essentiel du projet. Dans le passé, les gouvernants ont trop souvent ployé face à la rue, laissant finalement des minorités, parfois violentes, imposer leurs idées. Nous avons accepté que quelques dizaines de milliers de personnes puissent user de leur statut professionnel pour bloquer le pays, c’est inadmissible, je ne crois pas que dans aucun autre pays cela se passe ainsi.

Respectant pour l’essentiel ces trois conditions, il est probable que cette réforme aboutisse. La France a besoin de se transformer, la aussi le monde de l’entreprise, s’il n’est pas parfait, donne un bon exemple de modèles en transformation continue. Le gouvernement doit s’attaquer rapidement a beaucoup d’autres sujets devenus progressivement inadaptés, aller plus loin dans la réforme du marché du travail, de la fiscalité des entreprises et des particuliers ... et avec le même fil conducteur : des systèmes plus simples/lisibles, des droits plus justes et des mesures pour améliorer la situation des plus défavorisés.

 

Philippe GUEYDON
PDG de KING JOUET