Quand la presse locale va…
- Publié le : 20/05/2021
- Source : Nasrine KAHIA
- Crédits photos : Nasrine KAHIA
Nous avons l’habitude de dire que lorsque le bâtiment va, tout va. Cette formule, datant du 19ème siècle, a depuis largement été éprouvée sans qu’aucune crise, puis relance, ne l’aient jamais remise en question. Le dynamisme du secteur du bâtiment est en effet un baromètre très précis de la conjoncture économique. Il en existe un autre, moins référencé comme tel, mais qui est tout aussi pertinent : la bonne santé de la presse locale. Au fil de ses pages, il est en effet possible de prendre le pouls de nombreux écosystèmes. À travers sa proximité, sa neutralité, son traitement qualitatif et différenciant, et surtout ses liens réguliers avec toutes celles et ceux qui font le territoire, qu’ils soient élus, de petites communes comme de grandes collectivités, chefs d’entreprise, de grands groupes comme de petites sociétés, acteurs publics ou parapublics … La presse locale donne à lire, à un rythme périodique, la vitalité de son économie locale.
Alors quand tout s’arrête, la presse locale perd, dans un premier temps, un peu pied, puis beaucoup de sa richesse de contenu et de ses ressources. Avec la crise du Covid19, tous les événements se sont annulés les uns après les autres, les congrès, les salons, les débats, les inaugurations, les conférences de presse… ; la culture a fermé ses portes et la presse a été privée de nombreuses pages consacrées aux « non essentiels » pourtant si « essentiels » à nos vies ; les entreprises, complètement mobilisées par leur gestion de la crise, se sont malheureusement moins tournées vers l’extérieur… ; la commande publique a été sacrifiée sur l’autel de l’urgence de la crise sanitaire.
Et comme pour bien d’autres filières, crise ou pas crise, la presse est, elle aussi, soumise à des aléas législatifs, avec leurs lots de taxes, contraintes et autres mauvaises surprises, qui sont venues récemment impacter ses ressources. Alors même qu’elle était considérée, dans le même temps et par le même législateur, comme « une activité essentielle au fonctionnement de la démocratie ». Pour autant, en local, il n’y a pas ici de quatrième pouvoir, pas de Vincent Bolloré, de Bernard Arnault ou encore de Xavier Niel, pas de presse satellite qui dépend d’intérêts industriels ou financiers hors-sol. Ici, la presse indépendante est avant tout un acteur local. Comme bon nombre d’entreprises, elle a son siège sur le territoire, se développe en proximité, pérennise, crée et qualifie des emplois. Elle contribue ainsi, à sa hauteur, au dynamisme de son bassin de vie.
Après des décennies, voire des siècles d’existence, cette presse locale, avant tout riche de celles et ceux qui la lisent et la valorisent avec fidélité, ne pouvait pas non plus céder aux sirènes de la résignation. Après tout, elle en a vu d’autres. Alors, dès le 17 mars 2020, elle s’est donnée pour objectif de continuer, coûte que coûte, à informer, en faisant preuve de beaucoup d’agilité pour ne pas céder à la facilité d’une chronique anxiogène de la crise, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois.
A l’heure d’un nouveau déconfinement, au moment où les commerces trop longtemps fermés lèvent de nouveau leurs rideaux, où les terrasses reprennent leurs quartiers, où les salles de spectacles et les musées retrouvent leur public… la presse locale sera encore là, auprès de ses interlocuteurs, passés, présents et futurs, de ses partenaires avec qui elle n’a eu de cesse d’échanger, de ses lecteurs, qui lui ont toujours assuré leur attachement… Ses paginations vont au fil de ses parutions augmenter, ses pages reprendre vie… parce que quand tout va, la presse locale va aussi !
Nasrine KAHIA
Directrice Générale de COMPRA - LES AFFICHES