Regard croisé France États-Unis
- Publié le : 25/10/2021
- Source : Meaghan MAJOR
- Crédits photos : Meaghan MAJOR
« La mesure ultime d’un homme n’est pas où il se situe dans les moments de confort, mais où il se situe dans les moments de challenge et de controverse. » – Martin Luther King, Jr. Cette citation pourrait bien être transposée à un pays : « La mesure ultime d’un pays n’est pas où celui-ci se situe dans les moments de confort, mais où il se situe dans les moments de challenge et de controverse ».
J’ai toujours été fascinée par cet antagonisme apparent entre la France et les États-Unis, alors qu’une complémentarité évidente les distingue. Mes origines étant associées à ces deux pays, impossible de ne pas me sentir tiraillée entre ces deux cultures, leurs perceptions ou leurs modes de fonctionnement.
Le premier va choisir de nous accompagner, pas à pas, quitte à ne pas nous lâcher la main de peur de trop d’autonomie tout en nous murmurant souvent que l’on peut toujours essayer, mais que les probabilités d’y arriver nous sont défavorables. Le second en revanche nous laissera plonger dans le grand bain en nous disant que tout est possible, qu’on peut y arriver, charge à nous d’oser quitte à patauger, jusqu’à se noyer, et rester isoler.
Si, quel que soit son âge, on peut trouver un emploi en moins d’une semaine aux États-Unis, pourquoi il semble si difficile en France de s’insérer sur le marché de l’emploi. Si ce même emploi, on peut le perdre en une journée avec une indemnité de chômage égal à 5% de son salaire, il est alors plus confortable d’obtenir une indemnité équivalente à 60% de son salaire durant deux années. Qu’on veuille créer une entreprise d’envergure ou simplement avoir un projet d’entreprenariat individuel, il suffira d’un jour pour se lancer et oser outre atlantique alors qu’il faudra présenter des tableaux Excel ultra détaillés pour ne serait-ce qu’envisager l’éventualité de pouvoir se réaliser en France.
La France est fastidieuse, peut paraître injuste et bien souvent épuisante, mais n’est-elle pas destinée à nous soutenir ? Nous encourager dans les bons moments, mais nous supporter dans les mauvais ?
J’ai fait mon choix, et c’est elle que j’ai choisie pour m’installer il y a une dizaine d’années. Un choix orienté parce que la profondeur humaine, la finesse intellectuelle et psychologique des Français me manquaient. Si je me suis souvent interrogée sur la pertinence de ma décision, aujourd’hui je n’ai plus de doute : mon entreprise se développe sur un territoire riche de savoir-faire industriel, artisanal, scientifique qui évolue rapidement tout en préservant sa place sur la scène internationale, et en conservant ses valeurs du savoir-faire français tant appréciées à l’étranger. Si la critique est aisée sur ce dirigisme français, je reconnais que face à la crise, le climat européen était plus favorable aux entreprises que celui outre atlantique.
Je suis très fière de voir que des fondations solides établies depuis des décennies ne se sont pas effondrées à cause d’une crise mondiale qui n’a épargné personne. Très heureuse que l’on se pose les bonnes questions sur la revalorisation et la relocalisation de nos productions. Très chanceuse de constater que notre système de santé, quoi qu’on en dise, soit resté le même pour tous. Très satisfaite du soutien et de la reconnaissance des chefs d’entreprise comme d’un acteur majeur de la société. Il est évident que les entreprises américaines n’ont pas eu le même traitement.
Certes, l’avenir reste incertain, mais si nous osions comme il est si simple d’oser aux États-Unis tout en gardant toutes ces pépites si uniques à la France, qui sait, nous pourrions ne rien avoir à envier à nos voisins. Alors soyons audacieux et courageux, osons être français.
Meaghan MAJOR
Présidente des FCE Grenoble Alpes