Retraite : Message du Président du MEDEF
- Publié le : 19/08/2019
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Si aujourd’hui, tout le monde semble conscient qu’il faut un nouveau pacte social entre les générations, le débat sur la nécessité d’une réforme de notre système de retraites montre que le chemin à parcourir est encore long. Que l’on plaide l’équité, la solidarité ou l’équilibre, la vérité nous oblige à repenser les principes d’organisation de notre société, imaginé dans un moment démographique désormais révolu. Mais, on le voit depuis plusieurs semaines, chacun y va de sa vérité. Une vérité qui peine à s’imposer par l’audace de réformer comme par la légitimité de contester.
Cela fait trois décennies que les retraites suscitent des débats, provoquent des grèves, comme si la lutte des classes avait laissé place à la lutte des âges ! Nous avons toujours défendu l’idée que pour redonner confiance dans notre système de retraites, il fallait en assurer l’équilibre financier par une mesure d’âge, condition préalable à l’équité que les Français appellent de leur vœu.
C’est la raison pour laquelle nous avions proposé dès le mois d’avril dernier, lorsque s’ouvrait la concertation sur la réforme des retraites, qu’il fallait, compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie, travailler un peu plus longtemps pour financer le régime, qu’il soit universel par points ou non.
La réforme annoncée par le Premier Ministre la semaine dernière est un compromis. En choisissant d’instaurer un âge pivot, il prend acte d’une réalité démographique qui nous oblige à repousser progressivement et de manière incitative l’âge de départ en retraite. C’est à cette condition que nous pourrons nous engager plus fortement encore en faveur de l’emploi des seniors notamment en proposant des mesures innovantes dans le cadre du rapport confié par le Gouvernement à Sophie Bellon.
Objet de toutes les crispations, cette mesure d’équilibre nous semble, à nous chefs d’entreprise, indispensable pour financer des avancées sociales indiscutables comme la pension minimum de 1000 euros ou l’alignement des pensions sur l’évolution des salaires. Elle a d’ailleurs déjà fait l’objet d’un accord entre partenaires sociaux puisque l’âge pivot existe depuis le 1er janvier 2019 pour les retraites complémentaires de 18,4 millions de cotisants et 12,6 millions de retraités. Plus de 360 000 personnes sont parties en retraite depuis le début de l’année dont 55% en choisissant de partir avant 64 ans avec une décote de 10%.
Pourtant, cela fait désormais plus de 10 jours que des grèves, principalement dans les transports publics, viennent entraver la liberté de circuler et de commercer, libertés tout autant fondamentales que celles de manifester ou de faire grève. A la veille des fêtes de Noël, et après une année particulièrement difficile pour l’activité économique dans de nombreux secteurs, notamment le commerce et le tourisme, il est temps de mettre un terme aux blocages. Les efforts de chacun ont des limites. A la fatigue, s’ajoute pour beaucoup d’entre vous l’inquiétude d’une fin d’année dans le rouge. D’ores et déjà, vous êtes nombreux à subir directement ou indirectement de lourdes pertes qui pèseront sur vos résultats, et à terme sur la croissance française qui jusqu’à présent résistait bien dans un contexte international menaçant.
Nous avons appelé le Ministre de l’Economie et des Finances à réunir la cellule de continuité économique pour prendre des mesures d’urgence à l’égard des entreprises les plus impactées, notamment d’étalement des échéances fiscales et sociales.
Les souplesses d’organisation ont aussi leurs limites. Covoiturage, télétravail vous ont partiellement permis de parer aux difficultés mais pas dans tous les secteurs, ni pour tous vos salariés. Mettre un terme aux blocages n’empêche pas le débat. Bien au contraire. L’examen du projet de loi au Parlement au début de l’année prochaine doit être l’occasion d’une discussion approfondie sur la réforme. En vouloir son retrait avant même son examen est une atteinte à la démocratie représentative. Si nous n’avons plus confiance dans nos institutions, alors nous ne pouvons plus espérer vouloir une société apaisée fondée sur le respect des droits et devoirs de chacun.
L’esprit de responsabilité de chacun doit l’emporter pour renouer le dialogue et rétablir une activité normale dès cette semaine. C’est le sens de l’action que nous menons tant en direction du Gouvernement, des élus qu’en direction des organisations syndicales.