Une furieuse envie de vivre l’après COVID !
- Publié le : 29/04/2021
- Source : Vincent MOUVEROUX
- Crédits photos : Vincent MOUVEROUX
Alors que nous abordons le mois de mai, les mêmes questions sont dans tous les esprits. Est-ce que la fin de ce troisième confinement signera la fin du cycle des confinements ? Pouvons-nous espérer retrouver progressivement une vie sociale à partir de la mi-mai comme annoncé ? L’incertitude est probablement ce qui nous a pesé le plus depuis plus d’un an, au gré des accélérations ou des améliorations de la situation sanitaire. L’impossibilité de se projeter a en quelque sorte suspendu le temps, et par voie de conséquence suspendu nos vies.
Pourtant l’incertitude est toute relative. Désormais nous savons. La vaccination à grande échelle nous apportera la maîtrise de la pandémie. Des pays comme Israël ou le Royaume Uni sont là pour en attester. Et même s’il est vrai que le jeu des variants ou des recombinants peut ralentir ou différer cette victoire, les laboratoires pharmaceutiques ont confirmé leur capacité à s’adapter à cette course à l’évolution. Il y aura donc bien un « après » à un horizon désormais proche.
Malgré cela, nous abordons cette perspective dans un marasme ambiant tenace. Le moral des ménages continue de « faire du yoyo » et se maintient à un niveau bas, entre déprime et prudence, sur fond d’épargne d’hyper-précaution. Le climat des affaires ne fait guère mieux, certes avec des différences marquées selon les secteurs, entre une industrie qui se projette et des métiers de service qui restent encore dans le brouillard.
Ce sont finalement les marchés financiers qui semblent montrer la voie vers cet « après ». Le CAC a renoué en avril avec des sommets qui nous renvoient au début des années 2000, période mémorable d’avancées technologiques et de forte accélération d’internet.
Alors, excès d’optimisme des investisseurs ou bien clairvoyance sur l’ouverture d’un nouveau cycle ? Il me semble que la réponse à cette question n’est pas réellement économique mais plutôt sociologique. Laissons de côté un instant les indices, les études et les enquêtes. Qu’entendez-vous autour de vous ? Que ressentez-vous à la perspective de sortir de cette pandémie ? Le mot qui vient spontanément c’est « envie ». Une furieuse envie de vivre, de faire, de rattraper le temps perdu. Si les mesures gouvernementales ont largement permis d’atténuer les impacts économiques de la crise sanitaire, il y a quand même eu un sentiment profond de privation. Et s’il est certainement hasardeux de comparer la période qui s’ouvre à une période de renaissance ou de reconstruction, il y a pourtant quelque chose de cet ordre dans l’air.
Et cette période réunira des conditions assez exceptionnelles. Le plan de relance à 1.900 milliards de dollars de Biden a des accents de « new deal » post grande crise des années trente. Il donne le « la » à des plans de relance mondiaux, européens, français, qui vont mobiliser des moyens exceptionnels pour investir. Et cela tombe bien car nous avons devant nous l’opportunité de nous saisir de grandes transformations (écologique, technologique, sociétale...) et d’en faire des leviers de réussite et de croissance à la française.
Reste la question de la dette. La période COVID a généré de la dette publique et privée. Et les investissements à venir auront besoin d’être financés. S’il est désormais clair que la COVID a fait tourner la page de la rigueur budgétaire des Etats, pour les entreprises, les règles de saine gestion restent d’actualité. Au-delà de l’utilisation de tous les outils mis à disposition (amortissement des PGE, utilisation des Prêts Participatifs de Relance et des Obligations de Relance), ce sont les opportunités de développement que recèlent la période qui s’ouvre qui pourront apporter une réponse. Cela passera par l’innovation, l’adaptation de l’offre, l’amélioration de la productivité, et finalement par la croissance des revenus. Plus que jamais, c’est l’esprit d’entreprise qui fera la différence !
Vincent MOUVEROUX
Directeur Général Adjoint Crédit Agricole Sud Rhône Alpes